Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/334

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Or, au moment où mademoiselle de Cardoville avait parlé de l’attachement d’Agricol pour la Mayeux, celle-ci avait rencontré le regard observateur et pénétrant de Rodin, fixé sur elle ;… seule avec Adrienne, la jeune ouvrière, en entendant parler du forgeron, n’eût éprouvé qu’un sentiment de gêne passager ; mais il lui sembla malheureusement que le jésuite, qui lui inspirait déjà une frayeur involontaire, venait de lire dans son cœur et d’y surprendre le secret du funeste amour dont elle était victime… De là l’éclatante rougeur de l’infortunée, de là son embarras visible, si pénible, qu’Adrienne en fut frappée.

Un esprit subtil et prompt comme celui de Rodin, au moindre effet, recherche aussitôt la cause. Procédant par rapprochement, le jésuite vit d’un côté une fille contrefaite, mais très-intelligente, et capable d’un dévouement passionné ; de l’autre, un jeune ouvrier, beau, hardi, spirituel et franc.

— Élevés ensemble, sympathiques l’un à l’autre par beaucoup de points, ils doivent s’aimer fraternellement, se dit-il ; mais l’on ne rougit pas d’un amour fraternel, et la Mayeux a rougi et s’est troublée sous mon regard ; aimerait-elle Agricol d’amour ?

Sur la voie de cette découverte, Rodin vou-