Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/349

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— Très-vrai, et qui plus est, voici quelque chose qui vous raccommodera peut-être avec lui, dit Adrienne en remettant à Dagobert le petit paquet que Rodin venait de lui donner au moment de s’en aller ; ne voulant pas vous exaspérer davantage par sa présence, il m’a dit : « Mademoiselle, remettez ceci à ce brave soldat ; ce sera ma vengeance. »

Dagobert regardait mademoiselle de Cardoville avec surprise, en ouvrant machinalement le petit paquet. Lorsqu’il l’eut développé et qu’il eut reconnu sa croix d’argent noircie par les années et le vieux ruban rouge fané qu’on lui avait dérobés à l’auberge du Faucon Blanc avec ses papiers, il s’écria, d’une voix entrecoupée, le cœur palpitant :

— Ma croix !… ma croix !… c’est ma croix !

Et dans l’exaltation de sa joie, il pressait l’étoile d’argent contre sa moustache grise.

Adrienne et la Mayeux se sentaient profondément touchées de l’émotion du soldat, qui s’écria, en courant vers la porte par où venait de sortir Rodin :

— Après un service rendu au maréchal Simon, à ma femme ou à mon fils… on ne pouvait rien faire de plus pour moi… Et vous répondez de ce brave homme, mademoiselle ? Et je l’ai injurié… maltraité devant vous… Il a