Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/359

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nous devions passer à Leipzig ? C’est impossible, mon brave homme.

— En effet, monsieur, reprit Adrienne, je crains que votre animadversion, d’ailleurs très-légitime, contre l’abbé d’Aigrigny, ne vous égare, et que vous ne lui attribuiez une puissance et une étendue de relations presque fabuleuse.

Après un moment de silence, pendant lequel Rodin regarda tour à tour Adrienne et Dagobert avec une sorte de commisération, il reprit :

— Et comment M. l’abbé d’Aigrigny aurait-il eu votre croix en sa possession, sans ses relations avec Morok ? demanda Rodin au soldat.

— Mais au fait, monsieur, dit Dagobert, la joie m’a empêché de réfléchir ; comment se fait-il que ma croix soit entre vos mains ?

— Justement parce que l’abbé d’Aigrigny avait à Leipzig les relations dont vous et cette chère demoiselle paraissez douter.

— Mais ma croix, comment vous est-elle parvenue à Paris ?

— Dites-moi, vous avez été arrêté à Leipzig faute de papiers, n’est-ce pas ?

— Oui… mais je n’ai jamais pu comprendre comment mes papiers et mon argent avaient disparu de mon sac… Je croyais avoir eu le malheur de les perdre.