Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/360

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Rodin haussa les épaules et reprit :

— Ils vous ont été volés à l’auberge du Faucon Blanc, par Goliath, un des affidés de Morok, et celui-ci a envoyé les papiers et la croix à l’abbé d’Aigrigny, pour lui prouver qu’il avait réussi à exécuter les ordres qui concernaient les orphelines et vous-même : c’est avant-hier que j’ai eu la clef de cette machination ténébreuse : croix et papiers se trouvaient dans les archives de l’abbé d’Aigrigny ; les papiers formaient un volume trop considérable ; on se serait aperçu de leur soustraction ; mais, d’après ma lettre, espérant vous voir ce matin, et sachant combien un soldat de l’empereur tient à sa croix, relique sacrée, comme vous dites, mon bon ami, ma foi ! je n’ai pas hésité : j’ai mis la relique dans ma poche. Après tout, me suis-je dit, ce n’est qu’une restitution, et ma délicatesse s’exagère peut-être la portée de cet abus de confiance.

— Vous ne pouviez faire une action meilleure, dit Adrienne, et, pour ma part, en raison de l’intérêt que je porte à M. Dagobert, je vous en suis personnellement reconnaissante.

Puis, après un moment de silence, elle reprit avec anxiété :

— Mais, monsieur, de quelle effrayante puissance dispose donc M. d’Aigrigny… pour avoir