Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/36

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expresse à tous les biens qui pourraient lui revenir un jour ; mais le commencement de cet entretien semblait annoncer une si grave modification dans la manière de voir de Gabriel au sujet de la compagnie, que celui-ci pouvait vouloir briser les liens qui l’attachaient à elle ; dans ce cas, il n’était légalement tenu à remplir aucun de ses engagements[1]. La donation était annulée de fait, et au moment d’être si heureusement réalisées, par la possession de l’immense fortune de la famille de Rennepont, les espérances du père d’Aigrigny se trouvaient complètement et à jamais ruinées.

De toutes les perplexités par lesquelles le révérend père avait passé depuis quelque temps au sujet de cet héritage, aucune n’avait été plus imprévue, plus terrible.

Craignant d’interrompre ou d’interroger Gabriel, le père d’Aigrigny attendit, avec une terreur muette, le dénouement de cette conversation jusqu’alors si menaçante.

Le missionnaire reprit :

— Il est de mon devoir, mon père, de conti-

  1. Les statuts portent formellement que la compagnie peut expulser de son sein les membres qui lui paraissent inutiles ou dangereux ; mais il n’est pas permis à un membre de rompre les liens qui l’attachent à la compagnie, si celle-ci croit de son intérêt de le conserver.