Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/37

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nuer cet exposé de ma vie passée, jusqu’au moment de mon départ pour l’Amérique ; vous comprendrez tout à l’heure pourquoi je m’impose cette obligation.

Le père d’Aigrigny lui fit signe de parler.

— Une fois instruit du prétendu vœu de ma mère adoptive, je me résignai ;… quoi qu’il m’en coûtât… je sortis de la triste maison… où j’avais passé une partie de mon enfance et de ma première jeunesse, pour entrer dans l’un des séminaires de la compagnie. Ma résolution n’était pas dictée par une irrésistible vocation religieuse… mais par le désir d’acquitter une dette sacrée envers ma mère adoptive. Cependant, le véritable esprit de la religion du Christ est si vivifiant, que je me sentis ranimé, réchauffé à l’idée de pratiquer les admirables enseignements du divin Sauveur. Dans ma pensée, au lieu de ressembler au collège où j’avais jusqu’alors vécu dans une compression rigoureuse, un séminaire était un lieu béni, où tout ce qu’il y a de pur, de chaleureux dans la fraternité évangélique était appliqué à la vie commune ; où, par l’exemple, on prêchait incessamment l’ardent amour de l’humanité, les douceurs ineffables de la commisération et de la tolérance ; où l’on interprétait l’immortelle parole du Christ dans son sens le plus large, le plus