Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/373

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il avait réussi à jeter dans l’esprit de mademoiselle de Cardoville quelques germes de frayeur, qui devaient peu à peu se développer par la réflexion, et servir plus tard les projets sinistres qu’il méditait.

La Mayeux ressentait toujours une grande frayeur à l’endroit de Rodin ; pourtant, depuis qu’elle l’avait entendu dévoiler à Adrienne la sinistre puissance de l’ordre qu’il disait si redoutable, la jeune ouvrière, loin de soupçonner le jésuite d’avoir l’audace de parler ainsi d’une association dont il était membre, lui savait gré, presque malgré elle, des importants conseils qu’il venait de donner à mademoiselle de Cardoville.

Le nouveau regard qu’elle jeta sur lui à la dérobée (et que Rodin surprit aussi, car il observait la jeune fille avec une attention soutenue) fut empreint d’une gratitude pour ainsi dire étonnée.

Devinant cette impression, voulant l’améliorer encore, tâcher de détruire les fâcheuses préventions de la Mayeux, et aller surtout au-devant d’une révélation qui devait être faite tôt ou tard, le jésuite eut l’air d’avoir oublié quelque chose de fort important, et s’écria en se frappant le front :

— À quoi pensais-je donc ?