Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/374

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Puis, s’adressant à la Mayeux :

— Savez-vous, ma chère fille, où est votre sœur ?

Aussi interdite qu’attristée de cette question inattendue, la Mayeux répondit en rougissant beaucoup, car elle se rappelait sa dernière entrevue avec la brillante reine Bacchanal :

— Il y a quelques jours que je n’ai vu ma sœur, monsieur.

— Eh bien ! ma chère fille, elle n’est pas heureuse, dit Rodin ; j’ai promis à une de ses amies de lui envoyer un petit secours ; je me suis adressé à une personne charitable ; voici ce que l’on m’a donné pour elle…

Et il tira de sa poche un rouleau cacheté qu’il remit à la Mayeux, aussi surprise qu’attendrie.

— Vous avez une sœur malheureuse… et je n’en sais rien ? dit vivement Adrienne à l’ouvrière ; ah ! mon enfant, c’est mal !

— Ne la blâmez pas…, dit Rodin. D’abord elle ignorait que sa sœur fût malheureuse, et puis elle ne pouvait pas vous demander à vous, ma chère demoiselle, de vous y intéresser.

Et comme mademoiselle de Cardoville regardait Rodin avec étonnement, il ajouta en s’adressant à la Mayeux :

— N’est-il pas vrai, ma chère fille ?