Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/404

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— J’aimerai peut-être une femme pure comme l’était ma mère lorsqu’elle a épousé mon père… et ici pour exiger la pureté d’une femme il faut être chaste comme elle…

À cette énormité, Faringhea ne put dissimuler un sourire sardonique.

— Pourquoi ris-tu, esclave ? dit impérieusement le jeune prince.

— Chez les civilisés… comme vous dites, monseigneur, l’homme qui se marierait dans toute la fleur de son innocence… serait blessé à mort par le ridicule.

— Tu mens ! esclave, il ne serait ridicule que s’il épousait une jeune fille qui ne fût pas pure comme lui.

— Alors, monseigneur, au lieu d’être blessé… il serait tué par le ridicule, car il serait deux fois impitoyablement raillé…

— Tu mens !… tu mens… ou, si tu dis vrai, qui t’a instruit ?

— J’avais vu des femmes parisiennes à l’île de France et à Pondichéry, monseigneur : puis, j’ai beaucoup appris pendant notre traversée : je causais avec un jeune officier pendant que vous causiez avec le jeune prêtre.

— Ainsi, comme les sultans de nos harems, les civilisés exigent des femmes une innocence qu’ils n’ont plus.