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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/409

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— Ces femmes m’aimeraient… moi qui n’ai vécu qu’à la guerre et dans les forêts ?

— En pensant que, si jeune, vous avez déjà fait une sanglante chasse aux hommes et aux tigres… elles vous adoreront, monseigneur.

— Tu mens…

— Je vous le dis, monseigneur, en voyant votre main, qui, aussi délicate que les leurs, s’est si souvent trempée dans le sang ennemi, elles voudront la baiser… et la baiser encore en pensant que dans nos forêts, votre carabine armée, votre poignard entre vos dents, vous avez souri aux rugissements du lion ou de la panthère que vous attendiez…

— Mais je suis un sauvage… un barbare…

— Et c’est pour cela qu’elles seront à vos pieds ; elles se sentiront à la fois effrayées et charmées en songeant à toutes les violences, à toutes les fureurs, à tous les emportements de jalousie, de passion et d’amour auxquels un homme de votre sang, de votre jeunesse et de votre ardeur doit se livrer… Aujourd’hui doux et tendre, demain ombrageux et farouche, un autre jour ardent et passionné… tel vous serez… tel il faut être pour les entraîner… Oui, oui, qu’un cri de rage s’échappe entre deux caresses, qu’elles retombent enfin brisées, palpi-