Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/410

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tantes de plaisir, d’amour et de frayeur… et vous ne serez plus pour elles un homme… mais un dieu…

— Tu crois ?… s’écria Djalma emporté malgré lui par la sauvage éloquence de l’Étrangleur.

— Vous savez… vous sentez que je dis vrai ! s’écria celui-ci en étendant le bras vers le jeune Indien.

— Eh bien ! oui, s’écria Djalma, le regard étincelant, les narines gonflées, en parcourant le salon pour ainsi dire par soubresauts et par bonds sauvages. Je ne sais si j’ai ma raison ou si je suis ivre, mais il me semble que tu dis vrai ;… oui, je le sens, on m’aimera avec délire, avec furie, parce que j’aimerai avec délire, avec furie ;… on frissonnera de plaisir, de frayeur, parce que moi-même… en pensant à cela je frissonne de bonheur et d’épouvante… Esclave, tu dis vrai, ce sera quelque chose d’enivrant et de terrible que cet amour…

En prononçant ces mots, Djalma était superbe d’impétueuse sensualité ; c’était chose belle et rare, l’homme arrivé pur et contenu jusqu’à l’âge où doivent se développer dans leur toute-puissante énergie les admirables instincts qui, comprimés, faussés ou pervertis, peuvent