Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/422

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Créateur ! donnera jamais une plus adorable idée de ton harmonieuse et ineffable puissance, qu’une jeune vierge qui, s’éveillant ainsi dans toute l’efflorescence de la beauté, dans toute la grâce de la pudeur dont tu l’as douée, cherche dans sa rêveuse innocence le secret de ce céleste instinct d’amour que tu as mis en elle, comme en toutes les créatures, ô toi, qui n’es qu’amour éternel, que bonté infinie !

Les pensées confuses qui, depuis son réveil, semblaient doucement agiter Adrienne, l’absorbaient de plus en plus ; sa tête se pencha sur sa poitrine ; son beau bras retomba sur sa couche ; puis ses traits, sans s’attrister, prirent cependant une expression de mélancolie touchante.

Son plus vif désir était accompli : elle allait vivre indépendante et seule. Mais cette nature affectueuse, délicate, expansive et merveilleusement complète, sentait que Dieu ne l’avait pas comblée des plus rares trésors pour les enfouir dans une froide et égoïste solitude ; elle sentait tout ce que l’amour pourrait inspirer de grand, de beau, et à elle-même et à celui qui saurait être digne d’elle.

Confiante dans la vaillance, dans la noblesse de son caractère, fière de l’exemple qu’elle voulait donner aux autres femmes, sachant que