Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/421

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rassemblés et encadrant étroitement les tempes, ses cheveux, perdant leur teinte claire et brillante, eussent paru presque bruns sans les reflets d’or vif qui couraient çà et là sur l’ondulation des tresses.

Plongée dans cette torpeur matinale, dont la tiède langueur est si favorable aux molles rêveries, Adrienne était accoudée sur son oreiller, la tête un peu fléchie, ce qui faisait valoir encore l’idéal contour de son cou et de ses épaules nues ; ses lèvres souriantes, humides et vermeilles, étaient, comme ses joues, aussi froides que si elle venait de les baigner dans une eau glacée ; ses blanches paupières voilaient à demi ses grands yeux d’un noir brun et velouté, qui tantôt regardaient languissamment le vide… tantôt s’arrêtaient avec complaisance sur les fleurs roses et sur les feuilles vertes de la corbeille de camélias.

Qui peindrait l’ineffable sérénité du réveil d’Adrienne ?… réveil d’une âme si belle et si chaste, dans un corps si chaste et si beau ! réveil d’un cœur aussi pur que le souffle frais et embaumé de jeunesse qui soulevait doucement ce sein virginal… virginal et blanc comme la neige immaculée !…

Quelle croyance, quel dogme, quelle formule, quel symbole religieux, ô paternel, ô divin