Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/438

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beaucoup M. Rodin ; il sera venu le chercher jusque dans ce réduit pour lui demander merci. Ne trouvez-vous pas, comme moi, cette explication non-seulement satisfaisante, mais la seule raisonnable ?

— Peut-être, mademoiselle, dit la Mayeux après un moment de réflexion. Oui, cela est probable…

Puis, après un nouveau silence, et comme si elle eût cédé à une conviction supérieure à tous les raisonnements possibles, elle s’écria :

— Et pourtant, non, non, croyez-moi, mademoiselle, on vous trompe, je le sens ;… toutes les apparences sont contre ce que j’affirme ;… mais, croyez-moi, ces pressentiments sont trop vifs pour n’être pas vrais… Et puis, enfin, est-ce que vous ne devinez pas trop bien les plus secrets instincts de mon cœur, pour que, moi, je ne devine pas à mon tour les dangers qui vous menacent ?…

— Que dites-vous ? qu’ai-je donc deviné ? reprit mademoiselle de Cardoville, involontairement émue et frappée de l’accent convaincu et alarmé de la Mayeux, qui reprit :

— Ce que vous avez deviné ? Hélas ! toutes les ombrageuses susceptibilités d’une malheureuse créature à qui le sort a fait une vie à part ; et il faut bien que vous sachiez que si je