Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/437

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appris le service signalé qu’elle m’a rendu pendant ma séquestration chez M. Baleinier.

— Eh bien ! mademoiselle, ce matin, à mon retour, croyant nécessaire de vous faire avertir le plus tôt possible, j’ai tout dit à mademoiselle Florine. Comme moi, plus que moi peut-être, elle a été effrayée du rapprochement de Rodin et de M. d’Aigrigny. Après un moment de réflexion, elle m’a dit : « Il est, je crois, inutile d’éveiller mademoiselle ; qu’elle soit instruite de cette trahison deux ou trois heures plus tôt ou plus tard, peu importe ; pendant ces trois heures, je pourrai peut-être découvrir quelque chose. J’ai une idée que je crois bonne : excusez-moi auprès de mademoiselle, je reviens bientôt… » Puis Mademoiselle Florine a fait demander une voiture, et elle est sortie.

— Florine est une excellente fille, dit mademoiselle de Cardoville en souriant, car la réflexion la rassurait complètement ; mais, dans cette circonstance, je crois que son zèle et son bon cœur l’ont égarée, comme vous, ma pauvre amie ; savez-vous que nous sommes deux étourdies, vous et moi, de ne pas avoir jusqu’ici songé à une chose qui nous aurait à l’instant rassurées ?

— Comment donc, mademoiselle ?

— L’abbé d’Aigrigny redoute maintenant