Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/446

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Cardoville avec hauteur en interrompant Florine, vous n’y songez pas…

— Pardon, mademoiselle, dit la jeune fille en baissant les yeux d’un air confus et désolé ; vous conserviez quelques soupçons ;… ce moyen me semblait le seul qui pût ou les confirmer ou les détruire.

— S’abaisser… jusqu’à aller surprendre un entretien ? Jamais ! reprit Adrienne.

— Mademoiselle, dit tout à coup la Mayeux, pensive depuis quelque temps, permettez-moi de vous le dire, mademoiselle Florine a raison… Ce moyen est pénible… mais lui seul pourra vous fixer peut-être à tout jamais sur M. Rodin… Et puis enfin, malgré l’évidence des faits, malgré la presque certitude de mes pressentiments, les apparences les plus accablantes peuvent être trompeuses. C’est moi qui la première ai accusé M. Rodin auprès de vous… Je ne me pardonnerais de ma vie de l’avoir accusé à tort… Sans doute… il est, ainsi que vous le dites, mademoiselle, pénible… d’épier… de surprendre une conversation…

Puis, faisant un violent et douloureux effort sur elle-même, la Mayeux ajouta, en tâchant de retenir les larmes de honte qui voilaient ses yeux :

— Cependant, comme il s’agit de vous sauver