reprit d’un ton calme, mais fermement convaincu :
— Je vous ai obéi ; j’ai réfléchi, mon père.
— Eh bien ! mon cher prince ?
— Dans aucun pays du monde, sous aucun prétexte, un homme d’honneur qui a de l’amitié pour un autre homme d’honneur ne doit la cacher.
— Mais s’il y a pour lui du danger à avouer cette amitié ?… dit Rodin, fort inquiet de la tournure que prenait l’entretien.
Djalma regarda le jésuite avec un étonnement dédaigneux, et ne répondit pas.
— Je comprends votre silence, mon cher prince, un homme courageux doit braver le danger, soit ; mais si c’était vous que le danger menaçât, dans le cas où cette amitié serait découverte, cet homme d’honneur ne serait-il pas excusable, louable même de vouloir rester inconnu ?
— Je n’accepte rien d’un ami qui me croit capable de le renier par lâcheté…
— Cher prince… écoutez-moi.
— Adieu, mon père.
— Réfléchissez…
— J’ai dit…, reprit Djalma d’un ton bref et presque souverain en marchant vers la porte.
— Eh ! mon Dieu ! s’il s’agissait d’une femme ?