Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/475

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voir votre belle âme resplendir sur vos beaux traits… en m’entendant ainsi parler de votre protectrice inconnue. Ah ! c’est qu’elle est digne de cette adoration sainte qu’inspirent les nobles cœurs, les grands caractères.

— Oh ! je vous crois, s’écria Djalma avec exaltation ; mon cœur est pénétré d’admiration, et aussi d’étonnement ; car ma mère n’est plus, et une telle femme existe !

— Oh ! oui, pour la consolation des affligés, elle existe ; oui, pour l’orgueil de son sexe, elle existe ; oui, pour faire adorer la vérité, exécrer le mensonge, elle existe… Le mensonge, la feinte surtout, n’ont jamais terni cette loyauté brillante et héroïque comme l’épée d’un chevalier… Tenez, il y a peu de jours… cette noble femme m’a dit d’admirables paroles, que je n’oublierai de ma vie : « Monsieur, dès que j’ai un soupçon sur quelqu’un que j’aime ou que j’estime… »

Rodin n’acheva pas.

Le store, si violemment secoué au dehors que son ressort se brisa, se releva brusquement, à la grande stupeur de Djalma, qui vit apparaître à ses yeux mademoiselle de Cardoville.

Le manteau d’Adrienne avait glissé de ses épaules, et au violent mouvement qu’elle fit en s’approchant du store, son chapeau, dont les rubans étaient dénoués, était tombé.