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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/501

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et il reprit, avec une tendresse aussi sincère qu’inexorable :

— Est-ce que tu crois, ma bonne Mayeux, que je me serais laissé prendre à un amour sérieux, s’il n’y avait pas eu dans le caractère, dans le cœur, dans l’esprit de celle que j’aime, beaucoup de toi ?

— Allons, frère…, dit la Mayeux en souriant (oui, l’infortunée eut le courage, eut la force de sourire) ; allons, frère, tu es en veine de galanterie aujourd’hui… Et où as-tu connu cette jolie personne ?

— C’est tout bonnement la sœur d’un de mes camarades ; sa mère est à la tête de la lingerie commune des ouvriers ; elle a eu besoin d’une aide à l’année, et comme, selon l’habitude de l’association, l’on emploie de préférence les parents des sociétaires… madame Bertin, c’est le nom de la mère de mon camarade, a fait venir sa fille de Lille, où elle était auprès d’une de ses tantes, et depuis cinq jours elle est à la lingerie… Le premier soir où je l’ai vue… j’ai passé trois heures à la veillée, à causer avec elle, sa mère et son frère ;… je me suis senti saisi dans le vif du cœur ; le lendemain, le surlendemain, ça n’a fait qu’augmenter ;… et maintenant j’en suis fou… bien résolu à me marier… selon ce que tu diras… Cependant… oui… cela