Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/502

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t’étonne… mais tout dépend de toi ;… je ne demanderai la permission à mon père et à ma mère qu’après que tu auras parlé.

— Je ne te comprends pas, Agricol.

— Tu sais la confiance absolue que j’ai dans l’incroyable instinct de ton cœur ; bien des fois tu m’as dit : « Agricol, défie-toi de celui-ci, aime celui-là, aie confiance dans cet autre… » Jamais tu ne t’es trompée. Eh bien ! il faut que tu me rendes le même service… Tu demanderas à mademoiselle de Cardoville la permission de t’absenter ; je te mènerai à la fabrique ; j’ai parlé de toi à madame Bertin et à sa fille comme de ma sœur chérie ;… et selon l’impression que tu ressentiras après avoir vu Angèle… je me déclarerai ou je ne me déclarerai pas… C’est, si tu veux, un enfantillage, une superstition de ma part, mais je suis ainsi…

— Soit, répondit la Mayeux avec un courage héroïque, je verrai mademoiselle Angèle ; je te dirai ce que j’en pense… et cela, entends-tu… sincèrement.

— Je le sais bien… Et quand viendras-tu ?

— Il faut que je demande à mademoiselle de Cardoville quel jour elle n’aura pas besoin de moi ; je te le ferai savoir…

— Merci, ma bonne Mayeux, dit Agricol avec effusion.