Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/508

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

col de l’autre, comme si nous avions causé de choses indifférentes.

« Il n’en faut cependant pas plus pour vous briser le cœur… Quelqu’un entre, vous embrasse fraternellement, s’assied… vous parle… et puis…

« Oh ! mon Dieu… mon Dieu… ma tête se perd…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Je me sens plus calme… Allons, courage, pauvre cœur… courage ! si un jour l’infortune m’accable de nouveau, je relirai ces lignes, écrites sous l’impression de la plus cruelle douleur que je doive jamais ressentir, et je me dirai : Qu’est-ce que le chagrin actuel auprès du chagrin passé ?

« Douleur bien cruelle que la mienne !… Elle est illégitime, ridicule, honteuse ; je n’oserais pas l’avouer, même à la plus tendre, à la plus indulgente des mères…

« Hélas ! c’est qu’il est des peines bien affreuses, qui pourtant font à bon droit hausser les épaules de pitié ou de dédain… Hélas !… c’est qu’il est des malheurs défendus…

« Agricol m’a demandé d’aller voir demain la jeune fille dont il est passionnément épris, et qu’il épousera si l’instinct de mon cœur lui conseille… ce mariage… Cette pensée est la plus