Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/509

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

douloureuse de toutes celles qui m’ont torturée depuis qu’il m’a si impitoyablement annoncé cet amour…

« Impitoyablement… non, Agricol… non, non, frère, pardon de cet injuste cri de ma souffrance !… Est-ce que tu sais… est-ce que tu peux te douter que je t’aime plus fortement que tu n’aimes et que tu n’aimeras jamais cette charmante créature ?

« — Brune, une taille de nymphe, blanche comme un lis, et des yeux bleus… longs comme cela, et presque aussi doux que les tiens…

« Voilà comme il a dit en me faisant son portrait.

« Pauvre Agricol, aurait-il souffert, mon Dieu ! s’il avait su que chacune de ses paroles me déchirait le cœur !

« Jamais je n’ai mieux senti qu’en ce moment la commisération profonde, la tendre pitié que vous inspire un être affectueux et bon, qui, dans sa sincère ignorance vous blesse à mort et vous sourit…

« Aussi on ne le blâme pas… non… on le plaint de toute la douleur qu’il éprouverait en découvrant le mal qu’il vous cause.

« Chose étrange ! jamais Agricol ne m’avait paru plus beau que ce matin… Comme son mâle visage était doucement ému en me parlant des