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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/510

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inquiétudes de cette jeune et jolie dame !… En l’écoutant me raconter ces angoisses d’une femme qui risque à se perdre pour l’homme qu’elle aime… je sentais mon cœur palpiter violemment… mes mains devenir brûlantes… une molle langueur s’emparer de moi… Ridicule et dérision ! Est-ce que j’ai le droit, moi, d’être émue ainsi ?

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« Je me souviens que, pendant qu’il parlait, j’ai jeté un regard rapide sur la glace ; j’étais fière d’être si bien vêtue ; lui, ne l’a pas seulement remarqué ; mais il n’importe ; il m’a semblé que mon bonnet m’allait bien, que mes cheveux étaient brillants, que mon regard était doux…

« Je trouvais Agricol si beau… que je suis parvenue à me trouver moins laide que d’habitude ! sans doute pour m’excuser à mes propres yeux d’oser l’aimer…

« Après tout… ce qui arrive aujourd’hui devait arriver un jour ou un autre…

« Oui… et cela est consolant comme cette pensée… pour ceux qui aiment la vie : que la mort n’est rien… parce qu’elle doit arriver un jour ou l’autre.

« Ce qui m’a toujours préservée du suicide… ce dernier mot de l’infortuné qui préfère aller