Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/542

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« Comme vous êtes capable de vouloir vous soustraire à votre triomphe, et que vous n’aviez que des guenilles sur vous lorsque vous êtes entrée, par charité, dans cette maison où vous voulez dominer et faire la dame, ce qui ne va pas à votre taille pour plus d’une raison, on vous fait tenir cinq cents francs par la présente lettre pour vous payer votre papier et afin que vous ne soyez pas sans ressources dans le cas où vous seriez assez modeste pour craindre les félicitations qui, dès demain, vous accableront, car, à l’heure qu’il est, votre journal est déjà en circulation.

« Un de vos confrères,
« Un vrai Mayeux. »


Le ton grossièrement railleur et insolent de cette lettre qui, à dessein, semblait écrite par un laquais jaloux de la venue de la malheureuse créature dans la maison, avait été calculé avec une infernale habileté, et devait immanquablement produire l’effet que l’on en espérait.

— Oh ! mon Dieu !…

Telles furent les paroles que put prononcer la jeune fille dans sa stupeur et dans son épouvante.

Maintenant, si l’on se rappelle en quels termes passionnés était exprimé l’amour de cette