Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/547

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Mayeux coulèrent avec abondance… Elle pleurait, non de désespoir de vêtir de nouveau la livrée de la misère ; mais elle pleurait de reconnaissance, car cet entourage de bien-être auquel elle disait un éternel adieu lui rappelait à chaque pas les délicatesses et les bontés de mademoiselle de Cardoville : aussi, cédant à un mouvement presque involontaire, après avoir repris ses pauvres habits, elle tomba à genoux au milieu de la chambre, et s’adressant par la pensée à mademoiselle de Cardoville, elle s’écria d’une voix entrecoupée par des sanglots convulsifs :

— Adieu… et pour toujours adieu !… vous qui m’appeliez votre amie… votre sœur…

Tout à coup la Mayeux se releva avec terreur ; elle avait entendu marcher doucement dans le corridor qui conduisait du jardin à l’une des portes de son appartement, l’autre porte s’ouvrant sur le salon.

C’était Florine, qui trop tard, hélas ! rapportait le manuscrit.

Éperdue, épouvantée du bruit de ces pas, se voyant déjà le jouet de la maison, la Mayeux, quittant sa chambre, se précipita dans le salon, le traversa en courant, ainsi que l’antichambre, gagna la cour, frappa aux carreaux du portier. La porte s’ouvrit et se referma sur elle.