Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/561

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— Vous connaissez plusieurs des ouvriers de M. Hardy ?

— Ah ! c’est pour ça que vous m’avez amené ici ?

— Oui… vous allez vous trouver avec plusieurs ouvriers de sa fabrique.

— Des camarades de chez M. Hardy qui mordent à l’émeute ? ils sont trop heureux pour ça… Vous vous trompez.

— Vous les verrez tout à l’heure.

— Eux, si heureux !… Qu’est-ce qu’ils ont à réclamer ?

— Et leurs frères ? et ceux qui, n’ayant pas un bon maître, meurent de faim et de misère, et les appellent pour se joindre à eux ? Est-ce que vous croyez qu’ils resteront sourds à leur appel ? M. Hardy, c’est l’exception. Que le peuple donne un bon coup de collier, l’exception devient la règle, et tout le monde est content.

— Il y a du vrai dans ce que vous dites là ; seulement il faudra que le coup de collier soit drôle, pour qu’il rende jamais bon et honnête mon gredin de bourgeois, le baron Tripeaud, qui m’a fait ce que je suis… un bambocheur fini…

— Les ouvriers de M. Hardy vont venir ; vous êtes leur camarade, vous n’avez aucun intérêt à les tromper ; ils vous croiront… Joignez-vous à moi… pour les décider…