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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/565

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— Cela ne suffit pas, reprit Olivier, et d’ailleurs nous avons réfléchi… Pendant huit jours, l’atelier a été divisé ; hier encore la discussion a été vive, pénible ; mais ce matin le père Simon nous a fait venir ; on s’est expliqué devant lui ; il nous a convaincus ;… nous attendrons ;… si le mouvement éclate… nous verrons…

— C’est votre dernier mot ?

— C’est notre dernier mot.

— Silence ! s’écria tout à coup Couche-tout-Nu en prêtant l’oreille et en se balançant sur ses jambes avinées ; on dirait au loin les cris d’une foule…

En effet, on entendit d’abord sourdre, puis croître de moment en moment une rumeur éloignée, qui peu à peu devint formidable.

— Qu’est-ce que cela ? dit Olivier surpris.

— Maintenant, reprit Morok en souriant d’un air sinistre, je me rappelle que l’hôte m’a dit en entrant qu’il y avait une grande fermentation dans le village contre la fabrique. Si vous et vos camarades vous vous étiez séparés des autres ouvriers de M. Hardy, comme je le croyais, ces gens, qui commencent à hurler, auraient été pour vous… au lieu d’être contre vous !…

— Ce rendez-vous était donc un guet-apens ménagé pour armer les ouvriers de M. Hardy