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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/578

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Agricol, après avoir jeté un dernier coup d’œil assez satisfait sur son miroir en peignant sa moustache et sa large impériale, quitta sa chambre pour aller rejoindre Angèle à la lingerie commune ; le corridor qu’il traversa était large, éclairé par le haut, et planchéié de sapin, d’une extrême propreté.

Malgré les quelques ferments de discorde jetés depuis peu par les ennemis de M. Hardy au milieu de l’association d’ouvriers, jusqu’alors si fraternellement unis, on entendait de joyeux chants dans presque toutes les chambres qui bordaient le corridor, et Agricol, en passant devant plusieurs portes ouvertes, échangea cordialement un bonjour matinal avec plusieurs de ses camarades.

Le forgeron descendit prestement l’escalier, traversa la cour en boulingrin, plantée d’arbres au milieu desquels jaillissait une fontaine d’eau vive, et gagna l’autre aile du bâtiment. Là se trouvait l’atelier où une partie des femmes et des filles des ouvriers associés, qui n’étaient pas employées à la fabrique, confectionnaient les effets de lingerie. Cette main-d’œuvre, jointe à l’énorme économie provenant de l’achat des toiles en gros, fait directement dans les fabriques par l’association, réduisait incroyablement le prix de revient de chaque objet.