ma poitrine, les suppliant de me dire leur chagrin… Sans me répondre, elles ont jeté leurs bras autour de mon cou, et ont couvert mon visage de pleurs.
— Cela est étrange !… mais à quoi attribuer ce changement ?
— Quelquefois, je crains de ne pas leur avoir assez caché la douleur que me cause la mort de leur mère… et ces pauvres anges se désolent peut-être de se voir insuffisantes à mon bonheur. Pourtant, chose inexplicable ! elles semblent non-seulement comprendre, mais partager ma douleur… Hier encore, Blanche me disait :
« — Combien nous serions tous plus heureux encore si notre mère était avec nous ! »
— Elles partagent ta douleur, elles ne peuvent pas te la reprocher… La cause de leur chagrin n’est pas là.
— C’est ce que je me dis, mon père ; mais quelle est-elle ? Ma raison s’épuise en vain à la chercher. Que vous dirai-je ? Quelquefois je vais jusqu’à m’imaginer qu’un méchant démon s’est glissé entre mes enfants et moi… Cette idée est stupide, absurde, je le sais ; mais, que voulez-vous ?… lorsque de saines raisons vous manquent, on finit par se livrer aux suppositions les plus insensées.