Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/669

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— Pas de réchauffé… je mange chaud, répondit le carrier.

Et saisissant le forgeron à la gorge, d’une de ses mains formidables, il tâcha de lui mettre le genou sur la poitrine.

— Au secours !… on tue ma fille ! criait la mère d’Angèle d’une voix éperdue.

— Grâce !… je te demande grâce !… Laisse-moi aller…, dit Agricol en faisant des efforts inouïs pour échapper à son adversaire.

— J’ai trop faim, répondit le carrier.

Agricol, exaspéré par la terreur que lui causait le danger d’Angèle, redoublait d’efforts, lorsque le carrier se sentit saisir à la cuisse par des crocs aigus, et, au même instant, il reçut trois ou quatre coups de bâton sur la tête, assénés d’une main vigoureuse.

Il lâcha prise… et il tomba étourdi sur un genou et sur une main, tâchant de parer les coups qu’on lui portait, et qui cessèrent dès qu’Agricol fut délivré.

— Mon père… vous me sauvez… Pourvu que pour Angèle il ne soit pas trop tard ! s’écria le forgeron en se relevant.

— Cours… va… ne t’occupe pas de moi, répondit Dagobert.

Et Agricol se précipita vers la maison commune.