Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/67

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à midi. Hier soir encore, nous vous croyions toujours des nôtres ; nos statuts veulent que nous ne possédions rien en propre ; vous aviez corroboré ces statuts par une donation en faveur du patrimoine des pauvres… que nous administrons… Ce n’était donc plus vous, mais la compagnie qui, dans ma personne, se présentait comme héritière en votre lieu et place, munie de vos titres, que j’ai là, bien en règle. Mais maintenant, mon fils, que vous vous séparez de nous… c’est à vous de vous présenter ; nous ne venions ici que comme fondés de pouvoir des pauvres, auxquels vous aviez autrefois pieusement abandonné les biens que vous pourriez posséder un jour… À cette heure, au contraire, l’espérance d’une fortune quelconque change vos sentiments ; libre à vous ; reprenez vos dons.

Gabriel avait écouté le père d’Aigrigny avec une impatience douloureuse, aussi s’écria-t-il :

— Et c’est vous, mon père… vous, qui me croyez capable de revenir sur une donation faite librement en faveur de la compagnie pour m’acquitter envers elle de l’éducation qu’elle m’a généreusement donnée ? C’est vous enfin qui me croyez assez infâme pour renier ma parole parce que je vais peut-être posséder un modeste patrimoine ?