Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/677

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— Monsieur, dit le docteur Baleinier au vieil ouvrier avec componction, le ciel va peut-être opérer un miracle en votre faveur, montrez-vous reconnaissant… et qu’un prêtre…

— Un prêtre ? merci… monsieur… j’ai mon fils…, dit le vieillard, c’est entre ses bras… que je rendrai… cette âme qui a toujours été honnête et droite…

— Mourir… toi !… s’écria le maréchal, oh ! non… non.

— Pierre…, dit le vieillard d’une voix qui, d’abord assez soutenue, s’affaiblit peu à peu, tu m’as… demandé… tout à l’heure conseil… pour une chose bien… grave… Il me semble… que… le désir… de t’éclairer sur ton devoir… m’a pour un instant rappelé… à la vie… car… je mourrais bien malheureux… si… je te savais… dans une voie… indigne de toi… et de moi… Écoute donc :… mon fils… mon loyal fils… À ce moment suprême, un père… ne se trompe pas ;… tu as un grand devoir à remplir… sous peine… de ne pas agir en homme d’honneur, sous peine… de méconnaître ma… dernière volonté… tu dois sans… sans hésiter…

La voix du vieillard s’était de plus en plus affaiblie ; lorsqu’il prononça ces dernières paroles, elle devint absolument inintelligible.