Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/86

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bre. La disposition du tableau, ainsi que les tons chauds et solides des premiers plans, qui tranchaient sans aucune transition avec ces fonds reculés, laissaient facilement deviner que cette femme était placée sur une hauteur d’où elle dominait tout l’horizon.

La physionomie de cette femme était profondément pensive et accablée. Il y avait surtout dans son regard à demi levé vers le ciel une expression de douleur suppliante et résignée que l’on aurait crue impossible à rendre.

Au côté gauche de la cheminée on voyait l’autre portrait aussi vigoureusement peint.

Il représentait un homme de trente à trente-cinq ans, de haute taille. Un vaste manteau brun, dont il était noblement drapé, laissait voir une sorte de pourpoint noir, boutonné jusqu’au cou, et sur lequel se rabattait un col blanc carré. La tête, belle et d’un grand caractère, était remarquable par des lignes puissantes et sévères qui pourtant n’excluaient pas une admirable expression de souffrance, de résignation et surtout d’ineffable bonté ; les cheveux, ainsi que la barbe et les sourcils, étaient noirs ; mais ceux-ci, par un caprice bizarre de la nature, au lieu d’être séparés et de s’arrondir autour de chaque arcade sourcilière, s’éten-