Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/100

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— Je veux dire, monsieur, que ce n’est jamais le cœur qui vous étouffera.

— Monsieur ! s’écria le promeneur d’un ton courroucé.

— Eh bien ! quoi ? monsieur ! reprit le jeune homme en regardant son interlocuteur en face.

— Rien…, dit le promeneur ; et, tournant brusquement les talons, il alla tout grondant rejoindre un cabriolet à caisse orange, sur laquelle on voyait un énorme blason surmonté d’un tortil de baron.

Un domestique, ridiculement galonné d’or sur vert, et orné d’une énorme aiguillette qui lui battait les mollets, était debout à côté du cheval, et n’aperçut pas son maître.

— Tu bayes donc aux corneilles, animal ? lui dit le promeneur en le poussant du bout de sa canne.

Le domestique se retourna confus.

— Monsieur… c’est que…

— Tu ne sauras donc jamais dire M. le baron, gredin ! s’écria le promeneur courroucé. Allons, ouvre la portière.

Le promeneur était M. Tripeaud, baron industriel, loup-cervier, agioteur.

La pauvre bossue était la Mayeux qui venait, en effet, de tomber exténuée de misère et de