Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est un grotesque.

— Ah ! messieurs, silence ! voici la toile qui se lève.

En effet, la toile se leva.

Quelques mots d’explication sont nécessaires pour l’intelligence de ce qui va suivre.

L’avant-scène du rez-de-chaussée, à gauche du spectateur, était coupée en deux loges ; dans l’une se trouvaient plusieurs personnes désignées par les jeunes gens placés aux stalles.

L’autre compartiment, plus rapproché du théâtre, était occupé par l’Anglais, cet excentrique et sinistre parieur, qui inspirait tant d’épouvante à Morok.

Il faudrait être doué du rare et fantastique génie d’Hoffmann pour dignement peindre cette physionomie à la fois grotesque et effrayante, qui se détachait des ténèbres du fond de la loge.

Cet Anglais avait cinquante ans environ, un front complètement chauve et allongé en cône ; au-dessous de ce front, surmonté de sourcils affectant la forme de deux accents circonflexes, brillaient deux gros yeux verts, singulièrement ronds et fixes, très-rapprochés d’un nez à courbure très-saillante et très-tranchante ; un menton, ainsi qu’on le dit vulgairement, en casse-noisette, disparaissait à demi dans une haute et