Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/119

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ques se découpaient en ombelles ou en flèches sur des masses anguleuses de rochers à pic, laissant à peine voir quelques coins d’un ciel rougeâtre. Chaque coulisse formait un massif d’arbres, entrecoupés de rocs ; enfin à gauche du spectateur, et absolument au-dessous de la loge d’Adrienne, on voyait l’échancrure irrégulière d’une noire et profonde caverne qui semblait à demi écrasée sous un amas de blocs de granit jetés là par quelque éruption volcanique.

Ce site, d’une âpreté, d’une grandeur sauvage, était merveilleusement composé, l’illusion aussi complète que possible ; la rampe baissée, garnie d’un réflecteur pourpré, jetait sur ce sinistre paysage des tons ardents et voilés qui en augmentaient encore l’aspect lugubre et saisissant.

Adrienne, un peu penchée en dehors de sa loge, les joues légèrement animées, les yeux brillants, le cœur palpitant, cherchait à retrouver dans ce tableau la forêt solitaire dépeinte dans le récit de ce voyageur, qui racontait avec quelle intrépidité généreuse Djalma s’était précipité sur une tigresse en furie pour sauver la vie d’un pauvre esclave noir réfugié dans une caverne.

Et de fait, le hasard servait merveilleusement le souvenir de la jeune fille. Tout absorbée par