Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/130

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affreux patois, dit Rose-Pompon à Faringhea en se retournant. D’abord, ce n’est pas poli, et puis ce langage est si baroque, qu’on dirait, quand vous le parlez, que vous cassez des noix.

— Je parle de vous à monseigneur, dit le métis. Il s’agit d’une surprise qu’il vous ménage.

— Une surprise !… c’est différent. Alors, dépêchez, entendez-vous, prince Charmant ?… ajouta-t-elle en regardant tendrement Djalma.

— Mon cœur se brise, dit Djalma d’une voix sourde à Faringhea, en employant toujours la langue hindoue.

— Et demain il bondira de joie et d’amour, reprit le métis. Ce n’est qu’à force de mépris qu’on réduit une femme fière. Demain… vous dis-je, tremblante et confuse, elle sera suppliante à vos pieds.

— Demain… elle me haïra… à la mort ! répondit le prince avec accablement.

— Oui… si maintenant elle vous voit faible et lâche… À cette heure, il n’y a plus à reculer… regardez-la donc bien en face, et ensuite prenez le bouquet de cette petite pour le porter à vos lèvres… Aussitôt vous verrez cette femme si fière rougir et pâlir comme tout à l’heure ; alors me croirez-vous ?

Djalma, réduit par le désespoir à tout tenter,