portait de plus un arc et un long carquois rempli de flèches. Il descendit lentement la rampe de rochers simulés qui allaient en s’abaissant jusque vers le milieu du théâtre ; de temps à autre, il s’arrêtait court, feignant de prêter l’oreille, et de ne s’avancer qu’avec circonspection.
Et jetant ses regards de côté et d’autre, involontairement sans doute, il rencontra les deux gros yeux verts de l’Anglais dont la loge avoisinait justement la caverne.
Aussitôt les traits du dompteur de bêtes se contractèrent d’une manière si effrayante, que madame de Morinval, qui l’examinait curieusement à l’aide d’une excellente lorgnette, dit vivement à Adrienne :
— Ma chère, cet homme a peur ; il lui arrivera malheur.
— Est-ce qu’il arrive des malheurs ? répondit Adrienne avec un sourire sardonique, des malheurs au milieu de cette foule si brillante, si parée, si animée ?… des malheurs… ici, ce soir ? Allons donc, ma chère Julie… vous n’y songez pas ;… c’est dans l’ombre, c’est dans la solitude, qu’un malheur arrive… jamais au milieu d’une foule joyeuse, à l’éclat des lumières…
— Ciel ! Adrienne… prenez garde ! s’écria