Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/139

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était complète ; le terrible animal semblait être en liberté dans son repaire.

— Mesdames, dit tout à coup le marquis, regardez donc les Indiens… ils sont superbes d’émotion.

En effet, à la vue de la panthère, l’ardeur farouche de Djalma était arrivée à son comble ;… ses yeux étincelaient dans leur orbite nacrée comme deux diamants noirs ; sa lèvre supérieure se retroussait convulsivement avec une expression de férocité animale, comme s’il eût été dans un violent paroxysme de colère.

Faringhea, alors accoudé sur le bord de la loge, était aussi en proie à une émotion profonde, causée par un hasard étrange.

— Cette panthère noire, d’une si noire espèce, pensait-il, que je vois ici, à Paris, sur un théâtre, doit être celle que le Malais (le thug ou étrangleur qui avait tatoué Djalma à Java pendant son sommeil) a enlevée toute petite dans son repaire, et vendue à un capitaine européen… Le pouvoir de Bohwanie est partout, ajoutait le thug dans sa superstition sanguinaire.

— Ne trouvez-vous pas, repris le marquis s’adressant à Adrienne, que ces Indiens sont superbes à voir ainsi ?…

— Peut-être… ils auront assisté à une chasse