Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/140

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pareille dans leur pays, dit Adrienne, comme si elle eût voulu évoquer et braver ce qu’il y avait de plus cruel dans ses souvenirs.

— Adrienne…, dit tout à coup la marquise à mademoiselle de Cardoville d’une voix altérée, maintenant voilà le dompteur de bêtes assez près de nous… sa figure n’est-elle pas effrayante à voir ?… Je vous dis que cet homme a peur…

— Le fait est, ajouta le marquis très-sérieusement cette fois, que sa pâleur est affreuse et qu’elle semble augmenter de minute en minute… à mesure qu’il s’approche de ce côté… On dit que s’il perdait son sang-froid une minute, il courrait le plus grand péril.

— Ah !… ce serait horrible, s’écria la marquise en s’adressant à Adrienne, là, sous nos yeux… s’il était blessé…

— Est-ce qu’on meurt d’une blessure ?… répondit Adrienne à la marquise avec un accent d’une si froide indifférence, que la jeune femme regarda mademoiselle de Cardoville avec surprise et lui dit :

— Ah ! ma chère… ce que vous dites là est cruel !…

— Que voulez-vous ? c’est l’atmosphère qui nous entoure qui réagit sur moi, dit la jeune fille avec un sourire glacé.