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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/143

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de l’épouvante, le silence profond, palpitant, qui régnait dans la salle, fut interrompu par des acclamations et des transports auxquels se joignirent les rugissements de la panthère et les grondements du lion et du tigre.

L’Anglais, presque hors de la loge, les lèvres relevées par son effrayant sourire sardonique, ses gros yeux toujours fixes, était haletant, oppressé. La sueur coulait de son front chauve et rouge, comme s’il eût véritablement dépensé une incroyable force magnétique pour attirer Morok, qu’il voyait bientôt à l’entrée de la caverne.

Le moment était décisif.

Accroupi, ramassé sur lui-même, son poignard à la main, suivant du geste et de l’œil tous les mouvements de la Mort qui, rugissante, irritée, ouvrant sa gueule énorme, semblait vouloir défendre l’entrée de son repaire, Morok… attendait le moment de se jeter sur elle.

Il y a une telle fascination dans le danger qu’Adrienne partagea, malgré elle, le sentiment de curiosité poignante mêlée d’effroi qui faisait palpiter tous les spectateurs : penchée comme la marquise, plongeant du regard sur cette scène d’un intérêt effrayant, la jeune fille tenait machinalement à la main son