Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/15

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charmantes, maintenant chaussées d’un bas blanc bien tiré, coupé à la cheville par un petit brodequin. Une cravate de soie noire serrant la chemise écarlate à la taille de guêpe de Rose-Pompon, au-dessus de ses hanches, dignes du religieux enthousiasme d’un moderne Phidias, donnait à ce vêtement, peut-être un peu trop voluptueusement accusateur, une grâce très-originale.

Nous avons prétendu que le feu auquel se chauffait Rose-Pompon était étrange… qu’on en juge : l’effrontée, la prodigue, se trouvant à court de bois, se chauffait économiquement avec les embauchoirs de Philémon, qui du reste offraient à l’œil un combustible d’une admirable régularité.

Nous avons prétendu que le déjeuner de Rose-Pompon était singulier. Qu’on en juge. Sur une petite table placée devant elle était une cuvette où elle avait récemment plongé son frais minois, dans une eau non moins fraîche que lui ; au fond de cette cuvette, complaisamment changée en saladier, Rose-Pompon prenait, il faut bien l’avouer, du bout de ses doigts, de grandes feuilles de salade verte comme un pré, vinaigrée à étrangler ; puis elle croquait ses verdures de toutes les forces de ses petites dents blanches, d’un émail trop inaltérable pour