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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/16

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s’agacer ; pour boisson, elle avait préparé un verre d’eau et de sirop de groseilles, dont elle activait le mélange avec une petite cuiller de moutardier en bois. Enfin, comme hors-d’œuvre, on voyait une douzaine d’olives dans un de ces baguiers de verre bleu et opaque à vingt-cinq sous ; son dessert se composait de noix qu’elle s’apprêtait à faire à demi griller sur une pelle rougie au feu des embauchoirs de Philémon.

Que Rose-Pompon, avec une nourriture d’un choix si incroyable et si sauvage, fût digne de son nom par la fraîcheur de son teint, c’est un de ces divins miracles qui révèlent la toute-puissance de la jeunesse et de la santé.

Rose-Pompon, après avoir croqué sa salade, allait croquer ses olives, lorsque l’on frappa discrètement à sa porte, modestement verrouillée à l’intérieur.

— Qui est là ? dit Rose-Pompon.

— Un ami… un vieux de la vieille, répondit une voix sonore et joyeuse. Vous vous enfermez donc ?

— Tiens ! c’est vous, Nini-Moulin ?

— Oui, ma pupille chérie… Ouvrez-moi donc tout de suite… Ça presse !

— Vous ouvrir ? Ah bien, par exemple !… faite comme je suis… Ça serait gentil !