Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/169

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Ce disant, l’évêque s’essuya le front et alla chercher un peu de Sibérie au fond d’une des aiguières remplies de chocolat glacé.

— Or, un pouvoir se montre toujours reconnaissant d’un pareil cadeau, dit la princesse en souriant à son tour, et il accorde alors de grandes immunités à l’Église.

— Et ainsi l’Église reprend la place qu’elle doit occuper, et qu’elle n’occupe malheureusement pas en France, dans ces temps d’impiété et d’anarchie, dit le cardinal. Heureusement j’ai vu sur ma route bon nombre de prélats dont j’ai gourmandé la tiédeur et ranimé le zèle… leur enjoignant, au nom du saint-père, d’attaquer ouvertement, hardiment, la liberté de la presse et des cultes, quoiqu’elle soit reconnue par d’abominables lois révolutionnaires.

— Hélas ! Votre Éminence n’a donc pas reculé devant les terribles dangers… devant les cruels martyres auxquels seront exposés nos prélats en lui obéissant ? dit gaiement la princesse. Et ces redoutables appels comme d’abus, monseigneur ! Car enfin, Votre Éminence résiderait en France, elle attaquerait les lois du pays… comme dit cette race d’avocats et de parlementaires… eh bien ! chose terrible… le conseil d’État déclarerait qu’il y a abus dans votre mandement… monseigneur. Il y a abus !