Votre Éminence comprend-elle ce qu’il y a d’effrayant pour un prince de l’Église qui, assis sur son trône pontifical, entouré de ses dignitaires et de son chapitre, entend au loin quelques douzaines de bureaucrates athées, à livrée noire et bleue, crier sur tous les tons, depuis le fausset jusqu’à la basse : « Il y a abus ! il y a abus ! » En vérité, s’il y a abus quelque part, c’est abus de ridicule… chez ces gens-là.
Cette plaisanterie de la princesse fut accueillie par une hilarité générale.
L’évêque belge reprit :
— Moi je trouve que ces fiers défenseurs des lois, tout en faisant les fanfarons, agissent avec une humilité parfaitement chrétienne ; un prélat soufflette rudement leur impiété, et ils répondent modestement, en faisant la révérence : « Ah ! monseigneur, il y a abus… »
De nouveaux rires accueillirent cette plaisanterie.
— Il faut bien les laisser s’amuser à ces innocentes criailleries d’écoliers incommodés par la rude férule du maître, dit en souriant le cardinal. Nous serons toujours chez eux, malgré eux, et contre eux… D’abord parce que plus qu’eux-mêmes nous tenons à leur salut, et ensuite parce que les pouvoirs auront toujours besoin de nous pour les consacrer et pour