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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/176

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solé ses derniers jours. Cette pauvre créature avait toute sa vie souffert et travaillé ; au moment de mourir elle n’a pas prononcé une parole d’amertume contre son sort ; elle s’est recommandée à Dieu, elle a pieusement baisé le crucifix. Et son âme, simple et pure, s’est exhalée dans le sein du Créateur… J’ai fermé ses paupières avec respect, je l’ai enseveli moi-même, j’ai prié pour lui, et, quoique mort dans la foi protestante, je l’ai cru digne d’entrer dans le champ du repos. »

— De mieux en mieux, dit le cardinal, c’est une tolérance monstrueuse, c’est une attaque horrible contre cette maxime qui est le catholicisme tout entier : Hors l’Église, pas de salut.

— Tout ceci est d’autant plus grave, monseigneur, reprit le père d’Aigrigny, que la douceur, la charité, le dévouement tout chrétien de l’abbé Gabriel ont exercé non-seulement dans sa commune, mais dans les communes environnantes, un véritable enthousiasme. Les desservants des paroisses voisines ont cédé à l’entraînement général, et, il faut l’avouer, sans sa modération un véritable schisme eût commencé.

— Mais qu’espérez-vous en l’amenant ici devant nous ? dit le prélat.

— La position de l’abbé Gabriel est com-