Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/184

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— C’est donc un malade désespéré, abandonné des… meilleurs médecins, continua Rodin avec ironie, que j’ai entrepris de faire vivre. Poursuivez…

Et plongeant ses deux mains dans les goussets de son pantalon, il regarda le père d’Aigrigny bien en face.

— Votre Révérence m’a durement blâmé, reprit le père d’Aigrigny, non pas d’avoir cherché par tous les moyens possibles à rentrer dans des biens odieusement dérobés à notre compagnie…

— Tous nos casuistes vous y autorisent avec raison, dit le cardinal ; les textes sont clairs, positifs ; vous avez parfaitement le droit de récupérer per fas aut nefas un bien traîtreusement dérobé.

— Aussi, reprit le père d’Aigrigny, Sa Révérence le père Rodin m’a seulement reproché la brutalité militaire de mes moyens, leur violence, en dangereux désaccord, disait-il, avec les mœurs du temps… Soit… Mais d’abord… je ne pouvais être légalement l’objet d’aucune poursuite, et enfin, sans une circonstance d’une fatalité inouïe, le succès consacrait la marche que j’avais suivie, si brutale, si grossière qu’elle fût. Maintenant… puis-je demander à Votre Révérence ce qu’elle…