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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/195

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qui a pour dieu Napoléon et pour évangile les bulletins de la grande armée ?… De la pitié ! pour cette famille de renégats dont l’aïeul, relaps infâme, non content de nous avoir volé notre bien, excite encore du fond de sa tombe, au bout d’un siècle et demi, sa race maudite à relever la tête contre nous ?… Comment ! pour nous défendre de ces vipères, nous n’aurions pas le droit de les écraser dans le venin qu’elles distillent !… Et je vous dis, moi, que c’est servir Dieu, que c’est donner un salutaire exemple que de vouer, à la face de tous, et par le déchaînement même de ses passions… cette famille impie à la douleur, au désespoir, à la mort !…

Rodin était effrayant de férocité en parlant ainsi ; le feu de ses yeux devenait plus éclatant encore ; ses lèvres étaient sèches et arides ; une sueur froide baignait ses tempes, dont on remarquait les battements précipités ; de nouveaux frissons glacés coururent par tout son corps. Attribuant ce malaise croissant à un peu de courbature, car il avait écrit une partie de la nuit, et voulant remédier à une nouvelle défaillance, il alla au buffet, se versa un autre verre de vin qu’il avala d’un trait, puis il revint au moment où le cardinal lui disait :

— Si la marche que vous suivez à l’égard de