Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/196

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cette famille avait eu besoin d’être justifiée, mon très-cher père, vous l’eussiez justifiée victorieusement par vos dernières paroles ;… non-seulement selon nos casuistes, je le répète, vous êtes dans votre plein droit, mais il n’y a là rien de répréhensible aux yeux des lois humaines ; quant aux lois divines, c’est plaire au Seigneur que de combattre et de terrasser l’impie par les armes qu’il donne contre lui-même.

Vaincu, ainsi que les autres assistants, par l’assurance diabolique de Rodin, et ramené à une sorte d’admiration craintive, le père d’Aigrigny lui dit :

— Je le confesse, j’ai eu tort de douter de l’esprit de Votre Révérence ; trompé par l’apparence des moyens que vous avez employés, les considérant isolément, je n’avais pu juger de leur ensemble redoutable, et surtout des résultats qu’ils ont en effet produits. Maintenant, je le vois, le succès, grâce à vous, n’est pas douteux.

— Et ceci est une exagération, reprit Rodin avec une impatience fiévreuse ; toutes ces passions sont à cette heure en ébullition ; mais le moment est critique ;… comme l’alchimiste penché sur son creuset, où bouillonne une mixture qui peut lui donner des trésors ou la