Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rodin ; mais je ne m’abats pas pour si peu… Revenons à notre affaire… Voici l’heure, père d’Aigrigny, où vos qualités, et vous en avez de grandes, je ne les ai jamais niées… me peuvent être d’un grand secours… Vous avez de la séduction… du charme… une éloquence pénétrante ;… il faudra…

Rodin s’interrompit encore.

Son front ruisselait d’une sueur froide ; il sentit ses jambes se dérober sous lui, et dit, malgré son opiniâtre énergie :

— Je l’avoue… je ne me sens pas bien ; cependant, ce matin, je me portais aussi bien que jamais ;… je tremble malgré moi… je suis glacé…

— Rapprochez-vous du feu ; c’est un malaise subit, dit l’évêque en lui offrant le bras avec un dévouement héroïque, cela n’aura pas de suite.

— Si vous preniez quelque boisson chaude, une tasse de thé ? dit la princesse. M. Baleinier doit venir bientôt heureusement ; il nous rassurera… sur cette indisposition…

— En vérité… c’est inexplicable, dit le prélat.

À ces mots du cardinal, Rodin, qui s’était péniblement approché du feu, tourna les yeux vers le prélat et le regarda fixement d’une fa-